Que faire avec des vieux fers à repasser au lieu de les jeter
Que faire avec des vieux fers à repasser au lieu de les jeter

Que faire avec des vieux fers à repasser au lieu de les jeter

Le vieux fer à repasser : un déchet sous-estimé

Combien de fois avons-nous regardé un vieux fer à repasser en nous disant : « C’est bon pour la benne » ? Corps en métal fatigué, câble entortillé digne d’une sculpture abstraite, témoins lumineux définitivement éteints… Et pourtant, ce petit appareil domestique cache des ressources insoupçonnées. Alors avant de le balancer avec l’enthousiasme d’un grand ménage de printemps, posons-nous une question plus simple : et si ce fer à repasser pouvait encore servir ?

Entre solutions de recyclage, œuvres d’art bricolées et revalorisation astucieuse, voyons comment transformer ce vieux compagnon thermique en allié de la transition écologique.

Zoom sur la bête : savoir ce qu’on a entre les mains

Un fer à repasser, ce n’est pas uniquement du métal et du plastique. À l’intérieur, on retrouve :

  • Une résistance électrique (souvent en cuivre)
  • Une semelle en aluminium ou en inox
  • Des circuits imprimés et thermostats
  • Du plastique dur (ABS, polypropylène)

Et donc ? Et donc ce ne sont pas des matériaux anodins. Tout ce petit monde peut être recyclé ou valorisé, à condition de sortir le technicien ou l’artiste qui sommeille en nous.

Option 1 : le tri et le recyclage par les filières spécialisées

Premier réflexe avant toute chose : ne surtout pas le jeter dans la poubelle classique.

Les fers à repasser font partie des DEEE (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques). Cela signifie qu’ils doivent être déposés dans des points de collecte spécifiques :

  • Les déchèteries municipales, qui disposent en général de bennes pour les petits électroménagers
  • Les magasins d’électroménager, qui offrent souvent la reprise 1 pour 1
  • Les boîtes de recyclage dans certaines grandes surfaces ou magasins bio

« Mais le mien est cassé depuis 10 ans, ça vaut encore quelque chose ? »

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Bien sûr que oui. Même hors d’état de fonctionner, les composants peuvent être démontés et envoyés dans les bonnes filières. Le cuivre, par exemple, est extrêmement recherché et réutilisable à l’infini sans perte de qualité.

Pensez aussi à Éco-systèmes (devenu ESR depuis), l’organisme agréé pour la collecte des DEEE. Sur leur site, un outil interactif vous aide à localiser les points de dépôt près de chez vous.

Option 2 : déposer chez Emmaüs, c’est aussi réparer le lien social

« Mais il marche encore un peu… parfois… sur un miracle lunaire… »

Dans ce cas, pensez aux structures de l’économie sociale et solidaire. Certaines communautés Emmaüs, Ressourceries ou ateliers du Réseau Envie acceptent les petits appareils électroménagers.

Ce que vous trouvez obsolète peut refaire surface après une simple réparation ou une vérification de sécurité. Le fer peut ainsi connaître une seconde vie chez quelqu’un qui en a réellement besoin.

Et ce n’est pas seulement un geste environnemental : c’est aussi un acte citoyen. Vous participez à la réinsertion professionnelle de techniciens ou d’apprentis en leur donnant matière à réparer, démonter, comprendre.

Option 3 : le détournement d’usage — ou l’art de faire du neuf avec du fer

Si vous êtes du genre bidouilleur, âme d’artiste ou simplement nostalgique de votre vieux fer à vapeur, vous pouvez lui offrir une reconversion radicale. Voici quelques idées testées… et largement approuvées :

  • L’objet déco rétro : certains modèles anciens (notamment les fers en fonte sans câble) se transforment en presse-livres idéal pour une bibliothèque vintage ou un presse-papiers de caractère.
  • Le porte-serviettes décalé : posé à la verticale sur une étagère de salle de bain, le fer devient accroche-tout pratique et original.
  • La lampe industrielle : un peu de transformation, une douille, une ampoule LED, et voilà une lampe de bureau au style brut assuré.
  • Pour les plus créatifs : j’ai rencontré Léa (artiste-plasticienne à Clermont-Ferrand), qui récupère des fers à repasser pour en faire des sculptures de bateaux. Elle y fixe des voiles faites de vieux rideaux et décrit ses créations comme la rencontre entre la chaleur domestique et la liberté marine. Touchant, non ?
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En détournant un fer, vous lui offrez une valeur émotionnelle que ni l’objet neuf ni l’usine à recycler ne pourront recréer.

Option 4 : piller les entrailles pour réparer d’autres appareils

Un fer mort peut encore sauver ses frères. C’est le principe du cannibalisme… électrique. Plus sérieusement :

À l’intérieur, plusieurs composants sont récupérables :

  • La résistance pour réparer d’autres appareils thermiques
  • Les interrupteurs ou thermostats, compatibles avec des cafetières ou sèche-cheveux
  • Le câble, s’il est en bon état, peut facilement être réutilisé pour alimenter un autre appareil 220V

Jean-Luc, un bricoleur croisé lors d’un atelier Repair’Café à Nîmes, m’a expliqué qu’il avait ressoudé un câble de fer à repasser sur un vieux multimètre. Résultat : une nouvelle vie pour deux objets et un sourire fier d’électricien écolo.

Mais attention : jouer avec l’électricité, c’est pas la fête foraine

Important : Si vous souhaitez démonter vous-même un fer, prenez vos précautions. Le corps peut encore conserver une charge électrique ou des pièces fragiles.

Utilisez :

  • Des gants isolants
  • Un tournevis non conducteur
  • Des lunettes de protection

Et souvenez-vous : si vous doutez, confiez-le à un pro. Il vaut mieux un fer bien trié qu’un court-circuit mal compris.

Option 5 : l’atelier pédagogique pour petits et grands

Les vieux appareils électroménagers sont des trésors pour les enseignants ou animateurs d’ateliers scientifiques. Pourquoi ? Parce qu’ils permettent d’expliquer :

  • Le fonctionnement de l’électricité
  • L’effet Joule (production de chaleur par la résistance)
  • La logique des circuits fermés/ouverts

Dans un collège de Seine-et-Marne, un professeur m’a confié avoir récupéré une douzaine de fers à repasser via les parents d’élèves. Ses élèves les démontent en cours de physique pour comprendre la notion d’énergie dégagée. Une belle leçon : celle où le déchet devient support éducatif.

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Et pour les plus jeunes ? Manipuler des vis, comprendre la logique mécanique, identifier les matériaux : autant de compétences motrices et cognitives précieuses à initier dès le plus jeune âge, sous supervision bien sûr.

Pour aller plus loin : intégrer un réseau de partage

Un fer à repasser “inutile” pour vous est peut-être le chaînon manquant pour le projet de quelqu’un d’autre. Pensez à diffuser des annonces, par exemple sur :

  • Recupe.net, site de dons d’objets
  • Geev, la célèbre appli anti-gaspi
  • Mon P’tit Voisinage, réseau local d’entraide

Une internaute de Toulouse m’a raconté avoir donné un fer via Geev à un photographe amateur. Il l’utilise aujourd’hui comme presse pour sa technique de cyanotype, où la chaleur fixe une teinture naturelle sur le papier. Qui aurait pensé ce destin à un modèle Calor de 1998 ?

Changer son regard, c’est aussi ouvrir une voie

À force de traitement, réparation, transformation, recyclage ou partage, le vieux fer à repasser devient un symbole puissant de notre rapport aux objets. Faut-il les jeter dès qu’ils ne brillent plus ? Faut-il systématiquement consommer avant de réfléchir ?

Chaque choix qu’on fait pour gérer un objet usé est un acte de narration du monde. Ce que l’on décide d’éliminer ou de réinventer construit le récit de notre transition écologique.

Alors, la prochaine fois qu’un appareil rend l’âme, offrons-lui un instant d’hommage. Et demandons-nous : que peux-tu encore devenir ?