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La mérule peut-elle revenir après traitement : comprendre les risques de récidive et les solutions durables

La mérule peut-elle revenir après traitement : comprendre les risques de récidive et les solutions durables

La mérule peut-elle revenir après traitement : comprendre les risques de récidive et les solutions durables

La mérule : un fléau silencieux revenu d’entre les murs

Elle est surnommée le « cancer du bâtiment », mais au fond, la mérule a davantage des allures de fantôme. On croit s’en être débarrassé, et puis, dans un coin humide et sombre, elle ressurgit. Comme si les murs eux-mêmes avaient la mémoire de l’humidité.

Avant de sombrer dans la paranoïa du bois pourri, prenons un instant pour parler sérieusement de ce champignon lignivore tristement célèbre dans certaines régions françaises. Que vous ayez déjà traité votre maison contre la mérule ou que vous envisagiez de le faire, une question vous obsède probablement :

La mérule peut-elle revenir après traitement ?

Réponse courte : Oui.

Mais comme souvent en matière d’environnement (et d’humidité), les réponses simples cachent une réalité plus complexe. Et rassurez-vous : tout n’est pas perdu. Des solutions durables existent.

Pourquoi la mérule revient-elle ?

Ce n’est pas de la magie noire. Si la mérule revient, c’est qu’elle n’est jamais vraiment partie ou que les conditions favorables à son développement sont de retour. En tant qu’ancien ingénieur, j’ai appris que derrière chaque prolifération biologique, il y a une équation – ou du moins, un combo gagnant :

Vous voyez le tableau. Une vieille cave mal ventilée, un plancher après dégât des eaux, un grenier jamais visité… la mérule adore. Et une fois installée, elle peut s’étendre de plusieurs mètres en peu de temps, grignotant charpentes, plinthes, poutres…

Mais ce qui est encore plus redoutable, c’est sa résilience. Elle peut entrer en dormance pendant des années, attendant patiemment que les conditions idéales reviennent.

Petit souvenir personnel : lors d’un chantier participatif dans une maison des Côtes-d’Armor, on croyait la mérule éradiquée depuis deux ans. On y avait pourtant mis le paquet : traitement fongicide, remplacement des pièces bois infectées, ventilation neuve. Et pourtant, un an plus tard, une trace blanche pulpeuse sous les escaliers. Le diagnostic est tombé. Le fantôme était de retour.

Les erreurs (trop) fréquentes après un traitement

Alors, que se passe-t-il ? Pourquoi la bête revient malgré nos efforts ? Plusieurs explications reviennent régulièrement :

À cela s’ajoute un flou réglementaire. Eh oui, contrairement à l’amiante ou au plomb, la mérule n’est pas systématiquement dépistée lors de ventes immobilières. Résultat : certaines infections passent sous silence… jusqu’à ce que le nouveau propriétaire découvre l’étendue des dégâts.

Les solutions durables pour éviter la récidive

Il serait facile de céder au fatalisme et de déclarer la guerre éternelle à la mérule. Mais en tant qu’acteur de la transition écologique – et réaliste convaincu –, j’ai appris que lutter durablement contre ce champignon, ce n’est pas juste l’éradiquer, c’est repenser le bâtiment dans son rapport à l’humidité.

Assainir durablement les lieux

Le traitement ne suffit pas. Ce qui compte, c’est le contexte :

Adopter la traçabilité écologique

Comme pour beaucoup de problématiques environnementales, le suivi est essentiel. Pensez à :

Je me souviens d’un couple rencontré lors d’un salon dédié à la rénovation écologique. Ils avaient décidé de connecter leur ancien grenier via de simples capteurs Bluetooth à leur smartphone. L’un d’eux a détecté une montée anormale d’humidité à l’automne. L’intervention rapide a permis d’éviter le retour du champignon. Comme quoi, entre tech et sobriété, il y a parfois de belles alliances.

La question de la désinfection : chimie ou alternatives ?

Les traitements traditionnels se basent généralement sur des fongicides puissants, souvent à base de borate. Leur efficacité est démontrée, certes, mais leur impact environnemental (et parfois sanitaire) reste problématique, surtout s’ils sont utilisés à grande échelle.

Heureusement, des alternatives plus respectueuses émergent :

C’est ici qu’on touche à une question centrale : doit-on désinfecter à tout prix, ou rétablir un écosystème sain ? Comme pour les sols agricoles, on apprend aujourd’hui que la lutte chimique frontale a ses limites. Il faut jouer la carte de la résilience, pas celle de la destruction tous azimuts.

Changer notre rapport à l’habitat

Et si la mérule était finalement un signal d’alarme architectural ? Un indicateur que nos maisons, trop hermétiques, trop « modernes » dans leur isolation, ont perdu leur capacité à respirer ?

Dans mes rencontres avec des architectes bio-climatiques, une phrase revient souvent : « Ce n’est pas la mérule le problème, c’est le bâtiment qui l’autorise ». Sans porosité des matériaux, sans diagnostic hygrométrique dès la conception, nous fabriquons des pièges à champignons.

Voilà pourquoi la rénovation écologique ne se résume pas à une meilleure isolation. C’est une reconquête : celle du vivant, même dans nos murs. Traitement, prévention, choix des matériaux, intelligence climatique : la lutte contre la mérule est l’occasion de repenser notre manière d’habiter.

Alors, la prochaine fois que vous traquez une tâche suspecte derrière un placard, souvenez-vous : la mérule est un symptôme, pas une fatalité. Et surtout, un rappel que nos habitats aussi ont besoin d’écosystèmes sains pour durer.

Et peut-être d’un peu de poésie technologique pour les préserver.

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