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Dans quelle poubelle jeter les cagettes en bois sans se tromper

Dans quelle poubelle jeter les cagettes en bois sans se tromper

Dans quelle poubelle jeter les cagettes en bois sans se tromper

« Dis Gabriel, les cagettes en bois, je les jette où exactement ? Dans la poubelle jaune ? Ou direction la déchèterie ? »

Il était 9 h 07 ce samedi matin quand Claire, une productrice de légumes bio avec qui je travaille régulièrement sur des projets de compostage collectif, m’a jeté cette question sur le trottoir du marché.

Et là, le bug. Ma réponse ? « Eh bien… euh… »

J’ai passé la journée à creuser la question, et ce que j’ai découvert allait bien au-delà d’un simple choix entre bac jaune, bac gris ou benne de déchèterie. Alors asseyez-vous confortablement. Car les cagettes en bois sont bien plus que de simples supports à légumes : elles cristallisent à elles seules toute la complexité de notre (dés)organisation du tri.

Une cagette, c’est quoi exactement ?

D’abord, mettons-nous d’accord sur le sujet. Quand on parle de cagettes en bois, on pense à ces caisses ajourées, souvent légères, qui servent à transporter et exposer fruits, légumes, ou parfois poissons. Leur bois est tendre, non traité dans la majorité des cas, et elles sont clouées avec quelques agrafes métalliques. Jusque-là, rien de bien méchant.

Mais ce n’est pas uniquement du bois brut. Certaines cagettes sont plus complexes : peinture, marquage à l’encre non biodégradable, parties plastifiées, agrafes oxydables… Bref, ce sont parfois de vraies poupées russes de matériaux.

Alors, dans quelle poubelle elles vont ?

La réponse rapide : certainement pas dans le bac jaune.

Pourquoi ? Parce que dans la quasi-totalité des collectivités françaises, le bac jaune concerne uniquement les emballages recyclables ménagers : cartons, plastique PET, canettes, briques alimentaires. Or, la cagette, bien qu’elle ait une fonction de conditionnement, n’est pas considérée comme un « emballage ménager » mais souvent comme un déchet de type encombrant ou bois.

La destination la plus adaptée est donc souvent une déchèterie où elle pourra intégrer la filière bois. À condition bien sûr qu’elle ne soit ni souillée ni trop composite (pas de plastique, de peinture industrielle ou de moisissure). Dans certaines zones rurales très investies dans la réduction des déchets, on trouve encore des initiatives de recyclage local. Mais pour 90 % des Français : direction la déchetterie.

Petite discussion fictive dans la cuisine d’Émilie

— Bon, on fait quoi de cette montagne de cagettes ?

— Tu veux dire celle que tu entasses depuis novembre en disant : « ça peut toujours servir » ?

— Oui ben justement, c’est sûrement compostable, non ? C’est du bois après tout.

— Faux ami, mon cher. Toutes les cagettes ne sont pas bienvenues au compost. Trop d’encre, agrafes, voire de la colle. Tu veux qu’on se retrouve avec des bouts de métal dans nos tomates ?

— Hmm. On va à la déchetterie alors…

La scène prête à sourire, mais je vous parie une brouette que vous vous êtes déjà dit exactement ça un jour : « ça peut toujours servir ».

Réutiliser les cagettes, une idée pas si bête

Avant de penser « déchets », pensons « usage ». Une cagette, c’est presque comme un jeu de LEGO rustique. Et les DIY ne manquent pas pour leur donner une seconde vie :

Chaque cagette non jetée, c’est un petit pas de gagné contre notre frénésie de jeter.

Recyclage du bois : fragile ? ou juste négligé ?

Le bois est un matériau noble mais capricieux à recycler. Le problème ? Trop de catégories de bois, pas assez de tri à la source. Et les centres de tri n’aiment pas les surprises.

Les cagettes en bois léger sont parfois trop fines ou souillées pour être valorisables en panneaux de particules ou en énergie (chauffage industriel par exemple). Résultat ? Un recyclage qui dépend à la fois de leur propreté… et du bon vouloir des infrastructures locales.

Et là, on touche du doigt un problème plus large : notre modèle de tri repose encore trop souvent sur l’initiative personnelle et sur des infrastructures à géométrie variable.

Une rencontre qui m’a marqué : le menuisier solidaire

L’an dernier, lors d’un forum sur l’économie circulaire dans les Landes, j’avais rencontré Sylvain, un ancien artisan menuisier reconverti dans le recyclage de bois de cagette.

Avec son association “Bois Debout”, il récupère chaque semaine une centaine de cagettes jetées par les supermarchés locaux. Son secret ? Il démonte chaque caisse, élimine les agrafes et trie les planchettes utilisables. Avec, il fabrique des jouets, des casiers de rangement pour les écoles, et même des décos pour les festivals.

« Les cagettes, c’est comme les palettes. D’abord tu les méprises, ensuite tu ne peux plus t’en passer », m’avait-il confié en riant.

Et si on arrêtait de produire des cagettes jetables ?

La vraie question n’est peut-être pas : « où les jeter ? », mais « pourquoi sont-elles à usage unique ? »

En Allemagne, en Italie, ou dans certaines coopératives françaises, des initiatives ont vu le jour pour remplacer les cagettes bois par des bacs plastiques lavables et réutilisables. L’impact environnemental global est meilleur à long terme, surtout si la logistique de retour est bien pensée.

Certains producteurs locaux, soucieux de leur empreinte, optent désormais pour :

Mais le hic, c’est le surcoût. Entre l’achat initial, le nettoyage, la logistique de retour… une alternative durable demande un effort collectif.

En résumé : que faire avec mes cagettes en bois ?

Et moi, je fais quoi avec la pile de Claire ?

Ce dimanche, je repasse au marché chez Claire. J’ai prévu de lui proposer un atelier “meubles de jardin en cagettes” avec les enfants de l’école du coin. Ce sera l’occasion parfaite de leur montrer que ce que l’on jette trop vite a parfois encore tant à offrir.

Et vous, la prochaine fois que vous prenez une cagette chez votre primeur… vous la regarderez autrement, non ?

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